POESIES D’EXIL

13 novembre 2010

MOUSSON

Publié par bacchelli dans Non classé

                                     MOUSSON

Il pleut comme mort qui pisse.Il pleuvra longtemps.

Elle a tout son temps.

Plein ses tirelires  du sien et des autres.

D’arbre en arbre sur la route.

Même s’il n’y a plus de feuilles à la place où ils ont été coupés.

De toit en toit,plus longuement pour imprégner,se tenant perchée,

tout ce qui passe dessous.

De clochers en clochers,dans la coupe d’une cloche tombée.

Dans l’écho des glas et des baptêmes.

D’homme en  homme au -delà du souvenir raconté.

Il pleut comme temps qui pisse.

A se rencontrer familièrement au coin d’un arbre,sur un toit,au

coin d’un homme.

Dans l’alliage initié du creux de la cloche où tombe la musique

de l’un et de l’autre dans le même temps fréquenté d’un regard

convenu.

                                                                  8 septembre 2001

12 novembre 2010

BAGAGE

Publié par bacchelli dans Non classé

                            BAGAGE

                            Homage au « Texte caché » cité par F.X.Renucci

                            sur son blog « Pourunelitteraturecorse ».
                            Homage à Max Caisson.

 

Le jour avance dans un soir vomi et farouche de solitudes

affamées et de fosses de nuages grossières.
Le vent s’était rembruni.

Des halliers de ciel traversaient les promenades encombrées

de statues de corrégidors et de flamines hagards.

Il n’y a pas d’ombre.

Personne ne hurle.

Des yeux hâves attendent.L’attente des couchants exclus.

Les bâteaux allaient comme des draves de souvenirs vers

plus de rivage que la gîte d’un rêve démâté.

Sur les collines dérrière la pluie d’octobre faisait du goutteà

goutte à l’ennui.

Enfances,ruines et mosaïque étaient en brigade dans la vaine

quérulence de l’histoire.

L’écho imaginaire sous le drap recousu du temps arpentait

le cours scélérat de l »eau.

Personne ne hurle.

Tout semblait comme un morceau de bonheur de la terre

des morts importé tel un miel par un voyer boîteux.

                                                   14 octobre 2010

9 mai 2010

Saisons

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                   Saisons

                  [ Piétaille mécréante des dernières guerres civiles de la mémoire! Je me suis égaré dans les entrailles barbouillées de vos batailles.]

A ce moment contourné du crépuscule,les vieilles

maisons assises sur des chaises se racontent les ruines et les jours.

Toutes ces vignes et ces arbres au milieu des rosées

 tant qu’il fallait courir à la criée.

Toutes ces pluies qu’il fallait bêcher pour dresser 

des digues de vent.

Tous ces sillons dans les collines aux jambes lourdes

qui poursuivaient la mer.

Tous ces moutons bâtisseurs de transhumances qui tissaient

et filaient le vent des montagnes.

Tous ces cochons nourriciers de contes qui barricadaient

les épilogues des années.

Puis toutes ces histoires d’hommes autour des cheminées

enfouies dans la terre qui continue de jardiner avec leurs

morts.                         

                        

30 avril 2010

Sommaire

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Je me présente en sommaire.J’ai 54 ans ,ex cadre financier.Je n’ai jamais cessé d’être médecin-accoucheur de poèmes,fermier-cueilleur de mots,bâtisseur d’orphelinats pour poèmes sous X,aubergiste discret pour pensées clandestines,forain tzigane et potier.

But de ce blog: Vous poètes,peintres musiciens et potiers Corses Sardes Sicileiens  et autres,fugitifs de la vague,Insulaires dans l’île.Venir tout simplement parler avec moi.Comme disait Ramos Rosa: »J’accueille dans sa nudité douloureuse ce qui est sans nom ni figure. » Je suis très naif dans cette machine à expression.Vous me pardonnerez.

9 janvier 2011

CONDOLEANCES BARBARES

Publié par bacchelli dans Non classé

                    Condoléances barbares

                                           Aux memoires expropriées

                          « Mais en ce temps autour et loin

                            veillait la solitude »

                                                 Jacques Réda

La Génoise sans tête de Campumoru les yeux cernés

de vieilles fougères ne cesse d’abasourdir le maquis

furtif de la mer.

Dans le petit port un surnom  traqué court avec son exil

en bandoulière et son identité retroussée après des publicités

épicières.

   Une frégate d’oiseaux échouée dans la membrure

   d’une fenêtre d’un kilomètre d’horizon.

   Bergers pêcheurs conteurs et veillées à louer.

Aridité confinée sur les terrasses sèches des heures.

Le ciment et les marbres  des memoires craquent sous

la mort fendue.

Les couleurs rancies arrivent en bourrasques comme

des épaves de parfums assommés.

Les vieux cyprès disloquent le portail en terre forgée;

Leur ombre créancière est trop ancienne pour réclamer

son droit aux âmes ventrues.

   Expropriations massives de toutes les nuits clandestines

   hébergées dans les buissons délabrés.

    Ames de bergeries rénovées à vendre.Tout confort

   vue mer garantie.

Fuites liquides et sans pas comme le corps froissé d’une

limace qui tète le ciment de sa propre tombe.

Les cèpes sauvages grimpent dans les sabots des chèvres

sur les plateaux de Chjapparelle.

Têtes nues de promesses tailles alourdies de prières,

tous les Saints sont sortis de leur errance odorante,

engourdis d’encens hors leur socle brûlé de cire.

Les ombres de polyphonies étranglées de silences

courent dans les mûriers marins couchés par le vent.

Le bruit enfle plus grand que les voiles 

de la mer:

   On a vendu Campumoru.

Tous les cimetières des villages voisins sont là

tous les morts sont venus avec des morceaux de leur

tombe pour agrandir la vielle église.

    Le littoral a son parc l’aquarium ses poissons.

L’epaisseur tressaillée du bois lourd étonne.

   Toute l’assistance est là depuis la photo jaunie

aux épaules voûtées, depuis les mânes des routes en terre

jusqu’aux mulets aux bâts béants,

depuis les noms aux chapeaux cassés et aux foulards

bossus,

depuis les vieux verres de sable à la terrasse du café,

depuis les souvenirs excavés  jusqu’aux cigales en

voilette comme des courtisanes dont on entend

soupirer les yeux,

toute là ,qui suit le vieux cercueil de Dieu.

 

                                           Octobre 1996 

 

17 décembre 2010

COULURE

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                   Coulure

Dans le froid blanc qui cristallise  les aches,

les vieux écossent la solitude.

Dans l’entablement d’un firmament aphteux

où  se niche parfois la nuit-cloporte,les enfants

préparent les clystères de l’âge.

Le gel avait fait un grand feu dans la neige

là même ou Mausole empile des cadavres

des jours.

Tous ces cippes que la géométrie difforme

de la mort profane!

Dans les tuyaux de l’hiver où rouillent les

ombres furtives ,les vents déflorent des araignées

de givre.

Tant dans l’ensellure de la mer que dans la pause

de l’horizon où la nudité se désosse,le temps

crée des îles d’heures.

La pluie avait refait un grand feu dans les cendres

de la neige là même où  Mausole embaumait

les cadavres des nuits.

Un sogde ivre urine goutte à goutte sur les

pierres brutes de Phidias.

                                           26 02 2009 

 

                                              

10 décembre 2010

 » MUE-TUDE »

Publié par bacchelli dans Non classé

                    « MUE-TUDE »

                               à Stéfanu Cesari

    « A casa mai a pisarè,a sa,lacarè l’arghja

     à u ventu,à i parichji,l’idéa,u so

     spaziu. »

                       in GENITORI

                                                                

Du miasme au souffle.Inévitable je me suis tu

blanc et sec comme un prodige.

Inccorruptible cible rampante  de la visée;cible

du rire nuptial  jusqu’à  la barque entisonnée

de la mort.

Prodige de la figue.

Nécessité de la châtaigne.

Elégance de l’olive.

Le ciel aux toits pauvres les torrents en haillons

de glace.

Des coussins de pierres aux lucarnes lasses où

quelques herbes discrètement vieilles donnent la 

messe au vent.

Deuil faste et solitude de la vague dans une débauche

sublime d’écume.

Sous les dômes de mousse les âmes des bergers

poussent des villages disparus.

Oréades compagnes !

Inévitable je me suis tu

confit et dur comme une prophétie inattendue.

Les escargots gelés préparent la soupe aux praires

fossiles.

Les yeux ébourriffés du vent contemplent derrière les planches

disjointes  les feux des veillées.

Toutes ces rues baveuses encastrées de mémoires

aux jambes cassées de trottoirs convergeant

effilochées dans les tympans du même vent.

Les vieilles et le vieux et la mort auxiliaire

devant l’âtre asthmatique.

La gueuse Io la Seguin bâtarde l’Isis en boule

le Cerbère pensif.

Inévitable je me suis tu

Tu

confiant et raide comme une fatalité rituelle.

Les cloches fendues depuis le dernier glas.

Les chants de Pâques plombés à l’encens.

Les bancs ébréchés de la dernière prière.

L’habitude fissurée des murs de l’église.

Jusque sur la table sous la miette du

pain.

Cheminant

le délire morne de la pluie.

La grâce muette du soleil.

Sous le foulard des deuils sous le linge

des baptêmes.

Sous la cendre blême des regards.

Inévitable je me suis tu

Tu.

                                     3 décembre 2010

2 novembre 2010

SOIXANTE CINQUIEME CASE

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SOIXANTE CINQUIEME CASE

                                   à Norbert Paganelli

                                   « Entre leur absence

                                    et leur commémoration

                                    un court espace nous a trahis….. »

                                      Andatura

                                   in Mimoria arghjintina

Une nuit je rentrais tard d’un rêve,lorsque mon absence

m’a consulté.

Depuis elle me consulte toutes les nuits.

Elle me suit,m’accompagne,m’attend.

Tant!que nous rêvons ensemble depuis.

–Pour te trouver j’ai visité les rêves de tous les morts de ta famille,

et de tes amis.

Parfois aussi ceux d’inconnus logés près des tiens dans le grand

hasard des cimetières.

J’ai marché longtemps dans les champs de leurs yeux clos.

Taillé dans l’abandon de leurs vignes.

Cherché sous les pierres de leurs maisons.

Pelé leurs veilles et noyé leurs gués.

Grimé leurs solitudes et poli leurs ombres.

Chaque fois je nettoyais leurs semelles et les miennes

pour ne garder que la distance de ton pas.

                                        Octobre 2010

3 juillet 2010

POSTHUME

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Posthume

 

                « Pays reçu au plus creux du sommeil

                          l’arbre amer croît sur nous »

                          Anne HEBERT  Terre Originelle.

Les vieux sont là comme des bornes penchées

sur les os rompus des jours à écrire la biographie

de leurs dents.

Les heures pissent contre les arbres de la place

Un étranger absent par procuration mord la

fumée de sa cigarette.

Je donne des coups de pieds dans les coquilles

cabossées du matin futile.

Mais je reviens aux vieux.

Ils se racontent des itinéraires de transhumance

où l’hiver en chemise de nuit fuyait les bruits

d’une nuit goîtreuse.

Ruptures et détours sur cette place qui prolonge

l’église célibataire où les bouches châtrées des

ex-voto veillent sur les carences du Grand

Mystère.

Mais je reviens aux vieux.

Ils se chamaillent dans une gestuelle codée

sur la façon de calculer  le périmètre de la

mouvance des lèvres et des heures.

Attendre un pas qui ne viendra plus casser

la servitude de cet espace pendulaire où nul

ne voit ni n’entend l’insignifiante douleur

des morts à rire.

Mais je reviens aux vieux.

Ils arrêtent de s’entreventriloquer pour mieux

relever la topographie du silence et se souvenir

de l’adresse lascive d’un corps en gardant

pour demain l’histoire de la mer amoureuse

qui versa le reflux perpétuel dans les yeux de ses amants   noyés.

Je sais cette présence goguenarde de ces masques qui compostent la mort.

L’architecture entoilée des cimetières pour

le fumage des âmes.

Mais j’en reviens aux vieux.

Ils quittent mes yeux.L’ombre de leurs pas

me dit de surprendre plus loin les ruines

d’un repas d’une tablée fossile.Mieux conservés.

Libres du dernier subterfuge de la méditation

égoïstement hors sujet.

 

                                     1997

                                        

27 mai 2010

ETABLE

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                       ETABLE

SARTENE

Collines accrochées aux pieds de vigne et aux

fruitiers sauvages

où l’écume de la mer monte jusque dans le nez

des arbres

où la naïveté espiègle des pierres déshabille les

chemins

où les lunes d’automne s’accrochent comme

des notes sur les fils à linge

où la pluie se casse les dents sur les crêtes

où le vent cherche toujours son nom

où le ciel est tellement nombreux que les toits

voyagent

SARTENE

là seulement

où mes yeux peuvent coudre des nuages sur

les engrêlures de l’horizon.

                                                              Mai 2001

27 mai 2010

Piste

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                   PISTE

                             »Qui donc pourrait me voir

                              Moi la flamme étrangère

                              L’anémone du soir

                              Fleurit sous mes fougères … »

                                   Sirène-anémone

                                                Robert Desnos 1929

La solitude escarpée de la mer souffle dans

la montagne.

Je te cherche partout.

Sur les crêtes du silence dans les affûts de l’herbe.

J’ai ton visage ensablé dans la gorge.

Le vent ratisse l’herbe triste des sommets.

Dans cette floraison accidentée dans les épineux nus

des buissons.

Je te cherche partout.

J’ai ton visage encerclé dans les yeux.

L’horizon fait une balèvre sur le ciel.

Je te cherche partout.

Sur les pics bourgeonnant de crépuscule dans

les pierres brûlées de soleil gris.

J’ai ton visage poignardé dans les reins.

La lune assise surveille les pâturages des étoiles.

Sur les lèvres des torrents à l’élégance sombre dans

l’eau nue de la nuit.

Je te cherche partout.

J’ai ton visage dispersé dans les mains.

                                Décembre 1995

26 mai 2010

CHAIR

Publié par bacchelli dans Non classé

CHAIR

 

                 « Même sous l’écorce des bouleaux la vie se perd

                          en hypothèses sanglantes où les pics picorent des astres

                          et les renards éternuent des échos insulaires »

                                                         Tristan Tzara

                                     L’Homme Approximatif (livre 6)

 Ce monde en contrehaut un petit pain

 de cendres parmi toute cette graine de neige

et le vent qui bruit dans les gonds des murs

lorsque le désert rapproche le lointain des

lumières.

Ce silence abîmé qui répare les lèvres ces ports

qui comblent les caries des bateaux avec des

touffes de mer.

Cette bougie de pierre qui court à perdre souffle

pour éclairer les écarts de la pluie.

Ce maquis noué dans ma gorge en autant de

torons qu’aucun sel à l’épissoir agile ne défera.

C’est mon île sous l’horizon des yeux où les

soirs emblavent les ombres. 

                                                                              Septembre 2007

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