POESIES D’EXIL

9 janvier 2011

CONDOLEANCES BARBARES

Publié par bacchelli dans Non classé

                    Condoléances barbares

                                           Aux memoires expropriées

                          « Mais en ce temps autour et loin

                            veillait la solitude »

                                                 Jacques Réda

La Génoise sans tête de Campumoru les yeux cernés

de vieilles fougères ne cesse d’abasourdir le maquis

furtif de la mer.

Dans le petit port un surnom  traqué court avec son exil

en bandoulière et son identité retroussée après des publicités

épicières.

   Une frégate d’oiseaux échouée dans la membrure

   d’une fenêtre d’un kilomètre d’horizon.

   Bergers pêcheurs conteurs et veillées à louer.

Aridité confinée sur les terrasses sèches des heures.

Le ciment et les marbres  des memoires craquent sous

la mort fendue.

Les couleurs rancies arrivent en bourrasques comme

des épaves de parfums assommés.

Les vieux cyprès disloquent le portail en terre forgée;

Leur ombre créancière est trop ancienne pour réclamer

son droit aux âmes ventrues.

   Expropriations massives de toutes les nuits clandestines

   hébergées dans les buissons délabrés.

    Ames de bergeries rénovées à vendre.Tout confort

   vue mer garantie.

Fuites liquides et sans pas comme le corps froissé d’une

limace qui tète le ciment de sa propre tombe.

Les cèpes sauvages grimpent dans les sabots des chèvres

sur les plateaux de Chjapparelle.

Têtes nues de promesses tailles alourdies de prières,

tous les Saints sont sortis de leur errance odorante,

engourdis d’encens hors leur socle brûlé de cire.

Les ombres de polyphonies étranglées de silences

courent dans les mûriers marins couchés par le vent.

Le bruit enfle plus grand que les voiles 

de la mer:

   On a vendu Campumoru.

Tous les cimetières des villages voisins sont là

tous les morts sont venus avec des morceaux de leur

tombe pour agrandir la vielle église.

    Le littoral a son parc l’aquarium ses poissons.

L’epaisseur tressaillée du bois lourd étonne.

   Toute l’assistance est là depuis la photo jaunie

aux épaules voûtées, depuis les mânes des routes en terre

jusqu’aux mulets aux bâts béants,

depuis les noms aux chapeaux cassés et aux foulards

bossus,

depuis les vieux verres de sable à la terrasse du café,

depuis les souvenirs excavés  jusqu’aux cigales en

voilette comme des courtisanes dont on entend

soupirer les yeux,

toute là ,qui suit le vieux cercueil de Dieu.

 

                                           Octobre 1996 

 

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